Le 04 août 2016, nous avons publié une enquête sur le mécanisme utilisé par Kamel Ayadi depuis qu’il était membre de la chambre des conseillers en 2009 jusqu'à ce qu’il soit nommé ministre de la gouvernance et de la lutte contre la corruption en 2016 afin de bénéficier de l’argent public pour son propre compte. Dans l’article, nous expliquions comment il utilisait une société de formation continue dont il partage le capital avec sa femme pour bénéficier des fonds publics provenant de la taxe de formation professionnelle.
Deux semaines après la publication de l’article, le ministre la gouvernance et de la lutte contre la corruption est intervenu sur Mosaïque FM pour discréditer l'organisation I WATCH en banalisant la gravité des pratiques qu’il a commis et en niant être impliqué dans de telles pratiques. Lors de son intervention, Kamel Ayadi a prétendu que chacune des formations qu’il a organisées a un dossier déposé auprès du ministère de la formation professionnelle et de l’emploi qui contient les noms de tous les formateurs, vu que c’est ce ministère qui donne son aval pour payer sa société.
En effet, l’article 54 de la loi n°10-1993 portant sur l’orientation de la formation professionnelle précise que « les organismes privés de formation sont tenus d'adresser chaque année au Ministère chargé de la formation professionnelle un état financier et pédagogique conformément à un modèle fixé par arrêté du Ministre chargé de la formation professionnelle.»
Vu que nous étions bien au courant de l’existence de cette procédure de déclaration bien avant que Kamel Ayadi en parle, nous avons envoyé une demande d’accès à des documents administratifs détenus par le ministère chargé de la formation professionnelle. Dès que la période de traitement de notre demande s’est écoulé, nous avons obtenu la lettre ci-dessous :
Vu la réponse officielle du ministère de la formation professionnelle et de l’emploi, il est clair qu’en plus des pratiques dont nous avons parlé dans notre dernier article, et contrairement à ce qu’il a prétendu lors de son passage à la radio, Kamel Ayadi concerné n'a pas déposé les états financiers et pédagogiques de l’établissement de formation professionnel qu’il détient auprès des autorités de tutelle.
En plus de cela, nous sommes étonnés de voir que le dépôt de la déclaration de création de cette société n’a été déposée que le 30 juin 2015 alors que d’après l’annonce n° 2009G05716SRUB1 publié au JORT, elle a été créée en 2009. Alors que nos suspicions s’éclaircissent de plus en plus malgré le dénie de Kamel Ayadi, nous dénonçons l’absence de réaction apparente auprès des autorités compétente qui confirme encore une fois l’existence d’une culture d’impunité dans la société tunisienne, surtout lorsqu'il s’agit de personnes politiquement connectées tel que Kamel Ayadi. En plus des appels que nous avons lancé le 4 août dernier afin que des enquêtes soient officiellement lancées, nous appelons le ministère de la formation professionnelle et de l’emploi à lancer une mission de contrôle auprès de l’Institut Mondial de l’Ethique et du Leadership.
Nous appelons le ministère chargé de la lutte contre la corruption à renvoyer le dossier de Kamel Ayadi aux autorités compétentes, et ce en application de l'article 4 du décret gouvernemental n°962-2016 du 4 aout 2016 portant sur les prérogatives du ministère de la fonction publique, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption.
Source des photos et vidéos: Mosaique FM